Après des études à l’ESCP et deux stages dont un en boutique M&A, Edouard de Nettancourt s’est tourné vers l’Audit et le Transaction Services. Il nous raconte son quotidien, ses missions et en quoi ces années formatrices l’ont forgé et poussé à fonder Scorf, une start-up spécialisée dans le traitement des données comptables et financières.
Peux-tu nous présenter ton parcours ?
Je suis diplômé de l’ESCP avec une spécialité Finance. Pendant mes études, j’ai effectué deux stages importants : l’un en Equity Research chez Natixis et l’autre en M&A chez Bryan Garnier.
Ces deux expériences m’ont permis d’avoir une première vision de la finance d’entreprise, et j’ai compris qu’il me fallait acquérir un certain nombre de fondamentaux. J’ai donc choisi de m’orienter vers un métier financier dans lequel j’apprendrai la « grammaire » de la finance. J’ai intégré le cabinet EY en audit après mon stage en M&A, c’était dans la continuité de mes études et j’étais au cœur de la finance : comment on la construit, comment on l’écrit, comment on la comprend, comment on la lit…
Dès mes débuts chez EY je savais que ça ne serait qu’un passage : je suis donc resté 3 ans principalement en audit, avec ponctuellement quelques missions en Transaction Services. Ces années ont été très constructives et j’en suis sorti avec une vision d’ensemble de la finance d’entreprise et un début d’expertise en comptabilité. J’ai ensuite rejoint Eight Advisory chez qui je suis resté 5 ans.
Lire aussi : Le Transaction Services expliqué par Stanislas de Dinechin, ex-Eight Advisory
Pourquoi avoir choisi le secteur des Transactions Services par la suite ?
En 2014, lorsque j’ai quitté EY, les portes de sorties étaient plutôt claires : soit je faisais du contrôle de gestion soit j’essayais un métier plus orienté « business » comme le Transaction Services. Au même moment ce secteur commençait à se développer massivement, grâce aux cabinets comme Eight Advisory (avec des anciens d’EY) ou Accuracy. L’essor du Private Equity depuis les années 2010 a beaucoup joué dans le développement des métiers de Transaction Services : en témoigne le fait qu’un étudiant en école de commerce diplômé en 2011, comme moi, avait rarement entendu parler de Transaction Services ; nous connaissions l’audit, le M&A et le Private Equity mais le Transaction Services était encore relativement confidentiel.
Le Transaction Services me tentait beaucoup car il nécessite une approche très analytique tout en restant dans le conseil. C’est un métier où l’on voit plein de situations, d’industries et de gens différents. Je savais maîtriser les chiffres grâce à mes expériences précédentes mais le Transaction Services va plus loin encore : il consiste à prendre une masse de données comptables plutôt hermétique au premier abord et réussir à raconter une histoire avec, à détricoter les chiffres pour que cela soit lisible pour les futurs investisseurs. Par ailleurs intégrer une équipe en Transaction Services me permettait éventuellement de rejoindre des fonds d’investissement pour la suite de ma carrière.
Quelles étaient tes missions au sein de Eight Advisory ?
J’ai été Senior pendant 2 ans puis j’ai évolué Manager, poste que j’ai occupé pendant 3 ans. A mon arrivée, en tant que Senior au sein d’une équipe, j’étais responsable d’une section du rapport mais je n’étais pas chef de mission. Mon quotidien consistait à travailler des chiffres et produire des tableaux d’analyses. En fonction de ces tableaux, je rédigeais les messages pour les illustrer. Cela demande une certaine imagination, tout n’est pas normé et les analyses qu’on produit varient en fonction de l’industrie et de la cible visée. Cela peut sembler un métier de robot mais on résout des problèmes différents, un peu comme des énigmes : c’est très stimulant.
En gagnant de l’expérience j’ai ajouté une dimension de management dans mon quotidien. Pendant mes années de Manager j’étais responsable de mission. Elles sont devenues plus complexes, internationales et plus longues au fur et à mesure des années. Cependant mes tâches quotidiennes sont restées sensiblement les mêmes mais en lien plus direct avec les décisionnaires côté cible.
Pourquoi avoir décidé de monter ta propre entreprise ?
Évidement les raisons sont multiples, mais j’avais le sentiment que l’on vivait une réelle révolution industrielle et je voulais en être acteur. Pendant 5 ans en Transaction Services, j’ai rencontré des entrepreneurs, discuté avec eux, compris leurs problématiques, je pense que cela m’a poussé à créer ma boîte. Quand on est Manager il faut se projeter vers la prochaine étape c’est-à-dire Partner, et c’est à ce moment que j’ai préféré me lancer dans mon aventure entrepreneuriale.
Lire aussi : Le M&A en Big Four : quelles opportunités ?
Est-ce que tes différentes expériences en finance t’ont aidé dans ton projet entrepreneurial ? Pourquoi ?
L’entreprise que l’on a montée est directement liée aux métiers du Transaction Services : on construit un logiciel qui facilite le traitement sur les bases de données comptables et financières. Grâce à mes expériences précédentes j’ai acquis une expertise : lire des états financiers, comprendre comment on présente les chiffres, la technique financière… Toutes ces compétences sont indispensables dans une équipe entrepreneuriale !
Par ailleurs, toutes les qualités nécessaires pour être consultant me servent au quotidien. J’ai appris à porter une attention à toutes les étapes d’une mission sur le fond et la forme, la rigueur mais aussi l’exigence. Les métiers de la finance demandent beaucoup d’implication, ils sont parfois rudes, et font appel à une forte capacité de travail. Tout cela me sert encore beaucoup aujourd’hui.
Anthony SULIO, étudiant à l’Université Paris-Dauphine et responsable éditorial du blog AlumnEye