L’univers des hedge funds pique la curiosité, fascine, et soulève beaucoup de questionnements. Pour se faire une opinion, pour tenter d’intégrer un de ces prestigieux fonds, ou encore pour compléter notre culture générale, revenons sur les bases de la gestion alternative.

Les hedge funds sont un des outils de la gestion alternative d’actifs. La Financial Services Authority, autorité de contrôle au Royaume Uni, a renoncé à élaborer une définition stricte de cette catégorie de fonds d’investissement en raison de leur grande diversité. Nous définirons les hedge funds comme les véhicules d’investissement caractérisés par leurs différentes stratégies d’investissement, qui font appel à divers supports, à l’effet de levier, à l’endettement, et aux produits dérivés, pour offrir une performance régulière et absolue au investisseurs.

 

Les caractéristiques des hedge funds

Les fonds de gestion alternative se caractérisent par:

  • Une gestion opaque
  • Des stratégies d’investissement risquées

L’objectif d’un hedge fund est la maximisation du rendement et la préservation du capital. L’industrie se caractérise aujourd’hui par une régulation faible dans la mesure où les hedge funds échappent au droit commun des fonds traditionnels de gestion collective. Ils présentent par ailleurs une faible liquidité par rapport aux stratégies traditionnelles, et une opacité de leurs opérations.

L’origine des hedge funds permet d’améliorer la compréhension de l’industrie de ces fonds telle qu’elle est aujourd’hui.

 

L’origine des hedge funds

En 1948 l’américain Alfred Winslow Jones créa son premier partnership, composé de $40,000 lui appartenant, et de $60,000 provenant de son entourage. Ce pool d’actifs a été multiplié par approx. 50 en vingt ans. Le premier partnership de Jones fut considéré à posteriori comme le premier hedge fund américain de par ses techniques de gestion et d’investissement révolutionnaires pour l’époque. Jusque là, les fonds de placements collectifs et les mutual funds se contentaient d’acheter des actions si les marchés étaient significativement haussiers, et de conserver leurs positions en cash dans les périodes de marchés baissiers. Le fonds de Jones créa un modèle de hedge funds qui sera plus tard repris par les gérants, avec comme socle deux éléments fondamentaux :

  1. Un recours à l’endettement pour pouvoir augmenter son exposition : une pratique à l’origine de l’effet de levier
  2. La vente à découvert d’actions, permettant de tirer profit des périodes de baisse : première mise en oeuvre de l’idée de retour absolu, décorrelé de l’évolution positive des marchés ! Le short selling n’était alors pour Jones qu’un moyen de faire du hedging. Il faudra attendre un peu pour que de cet outil de couverture naisse le stock picking et la fameuse stratégie de Long/Short equity

 

L’essor des hedge funds

Entres les années 1950 et 1970 les partnerships se sont multipliés, reservés aux grandes fortunes, ils échappaient ainsi aux autorités réglementaires. Ils prennent progressivement le nom de hedge funds. L’essor de la gestion alternative est marqué par la contribution de personnes emblématiques comme Warren Buffet, connu pour le succès de ses investissements.

C’est dans les années 1990 que les investissements alternatifs s’intensifient et prennent une autre dimension. On assiste à un véritable bouleversement des méthodes de gestion d’actifs et les portefeuilles changent de nature. De nouvelles opportunités apparaissent avec la multiplication des supports de placement:  actions, obligations, matières premières, devises, immobilier, etc. Les raisonnements se basent sur le couple rentabilité/ risque.

 

La crise et les hedge funds

La crise des subprimes  survenue en 2007 fait sursauter les investisseurs en produits de gestion alternative. En un an plus de 30% des encours des fonds alternatifs s’effondrent, et la confiance dans les gérants s’efface.

Il est important de rappeler que l’enjeu de la crise était les institutions financières Too big to fail, c’est à dire les banques, et non les hedge funds. Aucun fonds n’a fait l’objet de sauvetage par l’Etat américain car ils ne causaient pas de risque systémique pour le système financier.

Les fonds alternatifs ont dans l’ensemble retrouvé depuis plusieurs années une certaine confiance auprès des investisseurs, avec un niveau d’encours importants: $2,250 milliards fin 2012.