Que dire sur le foot en entretien en finance, même si vous n’êtes pas footix ? Vous pouvez vous retrouver en face d’un recruteur amoureux du ballon rond. Alors, rien de plus simple pour faire de lui votre meilleur allié que de savoir parler de sa passion. Voici 8 points sur le foot et la finance qui vous permettront d’aborder la finance sous un angle original, tout en restant pertinent. Bref, de vous démarquer du candidat qui ne sait que réciter ses manuels.

 

1. Les déboires des clubs de foot en bourse

En 1983, le Tottenham Hotspur devient le premier club de football à s’introduire en Bourse. C’est le début d’une grande aventure entre le ballon rond et la finance. Depuis, on a assisté à l’IPO de plus de trente clubs, dont l’Olympique lyonnais, Arsenal et Newcastle. Un jeu parfois risqué pour ces acteurs économiques dont l’objectif est la performance sportive et non la maximisation du profit.

L’avantage d’intégrer un club de foot à ses investissements est celui de la diversification de son portefeuille : l’évolution du cours de l’action est corrélée aux performances sportives, et est déconnectée de l’économie réelle. Pourtant, l’avantage de la diversification ne compenserait pas le très faible ratio rentabilité/risque. Les cours des actions des clubs sont instables et difficilement prédictibles. Ainsi, l’action de la Juventus de Turin a périclité de 4€ en 2007 à 0.20€, sa cotation en juillet 2014. L’OL s’introduit en bourse en 2006 à un prix par action de 24€, et le cours de son action est aujourd’hui à 2.80€.

En somme, spéculer sur le marché footballistique revient à parier sur des résultats et à s’inventer bookmaker : un pari irrationnel mais qui présente toujours autant d’attrait.

 

2. L’exception turque

Face aux difficultés des clubs européens en bourse, les clubs turcs sont l’exception, à l’instar du Fenerbahçe qui continue à reverser des dividendes d’environ 4%. Leur secret : la diversification pour réduire l’incertitude financière en n’hésitant pas à s’inscrire dans une logique de « sportainment » – divertissement sportif et non plus seulement objectif de résultats – à investir dans des terrains, dans l’immobilier voire à créer leur propre marque de prêt-à-porter.

 

3. Les index

Deux indices bousiers synthétisent le secteur du foot : le DJ StoXX Football Index et le Bloomberg Football Club Index. Tous deux sont dans le rouge depuis 1998 et continuent à chuter. Depuis sa création, le DJ StoXX Football Index a gagné 500% de sa valeur en 1997, pour retomber en juillet 2014 sous sa valeur initiale. Le Bloomberg Football Club, axé autour des clubs anglais et écossais, ne se porte guère mieux.

AlumnEye DJ StoXX Football Index

Evolution du DJ StoXX Football Index depuis sa création en 1992

 

 

4. Quand Goldman Sachs s’improvise bookmaker

AlumnEye Goldman Sachs coupe du monde 2014 le foot et l'économie

4 ans après s’être trompé sur l’issue de la coupe du monde 2010, en prédisant à 26.6% la victoire du Brésil sorti dès les quarts, GS remet le couvert.

Depuis 1998, le département recherche de Goldman Sachs édite à chaque coupe du monde une étude pleine d’humour, entre outil de communication et réflexion sérieuse : « La coupe du monde 2014 et l’économie », 67 pages qui visent à la fois à divertir et à éclaircir les liens entre le foot et la finance.

La banque américaine s’improvise ainsi bookmaker et utilise les méthodes habituelles des traders en salle de marché pour élaborer ses pronostics sportifs. A partir d’une banque de données de 14 000 matchs, les analystes posent certains critères : les résultats depuis 1960 avec une pondération sur le court terme, l’appartenance de l’équipe au continent, le pays organisateur, les performances inhabituelles en coupe du monde. A partir de ce modèle théorique et des séries temporelles, ils lancent une simulation de Monte-Carlo, méthode statistique qui consiste à simuler le résultat un grand nombre de fois, méthode utilisée pour évaluer le prix des actifs. Leurs conclusions : le Brésil a 48.5% chance de remporter la coupe, contre 0.8% pour la France. La Seleçao aura tenu jusqu’en demi.

Le rapport est agrémenté de bonnes blagues de statisticiens, comme ce graphique qui présente une corrélation quasi-parfaite entre le taux d’inflation et le nombre de buts inscrits dans un match, comme pour prouver que corrélation n’est pas causalité.

 AlumnEye Goldman Sachs La coupe du monde et l'économie

Corrélation entre le taux d’inflation et le nombre de buts inscrits dans un match,
rapport La coupe du monde 2014 et l’économie de Goldman Sachs

 Retrouvez la fiche Goldman Sachs, rédigée par AlumnEye, pour tout savoir de la banque américaine !

5. L’impact de la coupe du monde sur les marchés

Par les enjeux qu’elle représente, la Coupe du Monde a un impact sur la croissance et le développement. Au niveau macroéconomique, le coût du Mondial– 8 milliards d’euros – aura des répercussions durables sur l’équilibre budgétaire brésilien. La balance du déficit courant va s’élever à 3.5% du PIB pour une inflation de 6%, justifiant un abaissement de la note attribuée par Standard & Poor’s. Moody’s estime à 0.7% du PIB la part des dépenses liées à l’organisation du Mondial.

AlumnEye Brésil impact finance foot coupe du monde

Au niveau microéconomique, les équipementiers sportifs ont vu leur cours bondir. Adidas, partenaire de la Fifa, s’attend à écouler 14 milliards d’exemplaires du Brazuka, le ballon officiel de cette coupe du monde 2014. Dans le duel mené contre Adidas, Nike n’est pas en reste. Après avoir payé –cher- le droit d’équiper la France (43 millions annuels), le Brésil (25 millions), ou encore l’Angleterre (30 millions), après avoir chaussé 53% des joueurs du mondial avec sa Mercurial, sa Tempo et son Adizero (contre 36% pour Adidas), la marque à la virgule peut récolter les fruits de ses investissements. Au mois de juin, Nike a ainsi écoulé non moins de 100 000 maillots à 85€ rien qu’au travers de l’enseigne Go sport.

AlumnEye nike et la coupe du monde finance foot

Cet événement planétaire a également des conséquences directes sur le cours des actions de chaines de télévision nationales. Le 21 septembre 2013, alors que la France arrache sa qualification 3-0, l’action de TF1 bondit de plus de 8% en début de séance pour clôturer avec une hausse de 5% à 14€.

 

6. Ces footballeurs qui deviennent bailleurs de fonds

Beaucoup de footballers, enrichis par les salaires de clubs et les royalties publicitaires, troquent leurs crampons pour des Richelieu. Ils deviennent parfois des acteurs incontournables du jeu financier et économique.

C’est le cas pour Kolo Touré, international ivoirien et sociétaire de Liverpool, lequel vient de s’associer au fond d’investissement Silk Invest pour créer l’ «African Opportunities for Footballers Fund ».

Drogba, quant à lui, a fait l’acquisition des 5% des parts cédées par l’Etat ivoiriens dans le capital de la SMI, société minière qui exploite les plus importants gisements aurifères du pays. Il en profite pour monter sa société d’investissement « Keyman Investment ».

Le buteur camerounais de Chelsea, Samuel Eto’o s’est tourné vers les télécoms pour investir sa fortune. « Eto’o Telecom SA », bâti entièrement sur ses fonds propres, est aujourd’hui le premier Mobile Virtual Network Operator (Mvno) du Cameroun. Cependant, face à la concurrence d’Orange et de MTN, Eto’o Telecom SA perd du terrain et ses jours sembleraient comptés.

 

7. Une gestion de fortune spécifique

Certains gestionnaires de fortunes, tels que Vip Consulting, BV & Associés, UFF et Europ Sport Conseil, se sont fait une spécialité des footballeurs et de leurs rémunérations record (41 millions de dollars annuels pour Messi). Parce qu’ils gagnent beaucoup d’argent en un laps de temps réduit, les footballers doivent investir judicieusement pendant leur carrière pour s’assurer une rente suffisante une fois à la retraite et éviter de finir sur la paille après 5 ans comme 60% des footballers (étude Xpro).

AlumnEye footballer gestion de patrimoine finance

Si l’achat dans une résidence principale et secondaire semble être le premier réflexe, ce choix n’est pas le plus judicieux : il sollicite souvent des prêts sur vingt ans, qui se prolongent après leur fin de carrière. De plus, il n’est pas adapté au mode de vie nomade des footballers. Pour diminuer le niveau d’imposition sur le revenu ou l’ISF, il existe de multiples possibilités : location, démembrement, SCPI, Ehpad (résidences médicalisées pour les séniors), murs de boutique en nu propriété.

 Retrouvez l’article AlumnEye sur le Private Banking !

 

8. Les paris en ligne, passerelle entre le foot et la finance

IAlumnEye Bwin finance foot parindustrie florissante, les opérateurs de paris en ligne offrent à plusieurs centaines de milliers de joueurs l’occasion de jouer au trader en spéculant sur les statistiques et les résultats de match. Sur le online, pendant la coupe du monde, 100 millions de mises étaient attendues en France, soit environ 900 millions d’euros. PMU, la Française des jeux, Bwin, Unibet et Betclic connaissent une forte croissance de leur chiffre d’affaire pendant la coupe du monde.

 

 

 

Conclusion

Le foot et la finance sont deux sujets passionnants et deux systèmes qui impliquent de grands enjeux financiers. Sachez les conjuguer, et vous ferez la différence !

 

Théodore Vauquier, étudiant à HEC Paris et Contributeur du blog AlumnEye