Etudiant d’école post-bac, Louis a nourri un intérêt pour la finance de marché. Démontrant sa motivation, il a affiné son parcours et ses expériences, pour intégrer à la rentrée le prestigieux Master 203 de l’université Paris‑Dauphine. Son parcours et sa détermination inspireront peut-être certains d’entre vous. Il nous livre son témoignage sur le 203 et les étapes de son parcours. Bonne lecture !
Peux-tu nous expliquer ton parcours ?
Après un bac scientifique, j’ai intégré, via le concours Accès, le programme Grande École de l’ESSCA. Afin de renforcer mon profil, j’ai suivi la Summer School de la LSE et réalisé un stage en M&A FIG pour affiner ma connaissance des institutions financières. Toujours aussi motivé à faire carrière en finance de marché, mais grandi par ces expériences, j’ai alors postulé au Master 203 de Dauphine, que j’ai intégré à la rentrée 2016.
Pourquoi as-tu changé d’école ?
Dès ma première année à l’ESSCA, j’ai pris goût aux différentes matières financières, qui regroupaient essentiellement comptabilité et analyse financière dans les deux premières années avant une introduction à la gestion financière en troisième année, pour leurs aspects mathématiques et logique. Je me suis rapidement projeté vers une carrière dans ces métiers‑là, et de fil en aiguille j’ai eu envie de découvrir de façon autonome la finance quantitative. J’ai commencé par acheter un livre couvrant les bases des produits monétaires, obligataires et la gestion de portefeuille, avant d’enchaîner sur des ouvrages de finance quantitative comme le Hull et le Wilmott ; plus j’approfondissais ces notions et plus ces sujets m’intéressaient.
Cependant, après un premier stage en banque d’affaires, j’ai compris en parlant à des opérationnels que les diplômés d’écoles de commerce post‑bac étaient loin des profils‑cibles des banques d’investissement, de surcroît en finance de marché où les étudiants des meilleures écoles de commerce font déjà face à une rude concurrence des profils ingénieurs. J’ai donc voulu me réorienter et faire un Master en université spécialisé en finance de marché. J’ai postulé au M1 Finance généraliste de Dauphine et au Master (MSc) 203, ce dernier étant classé 1er de France et 9ème mondial par Eduniversal.
Pourquoi la Summer School de la LSE ?
Une de mes sœurs avait fait une Summer School en Business English et un des analystes de mon stage en M&A m’a parlé d’un cours de finance quantitative qu’ils proposaient lors de ces sessions. Pour postuler au cours Options, futures and other financial derivatives, il ne me fallait attester que de : mon niveau universitaire (3 ans après le bac), mes connaissances mathématiques et mon niveau d’anglais.
J’ai postulé car j’avais tout à y gagner : une expérience internationale incroyable au sein d’une université parmi les plus prestigieuses du Royaume-Uni et une preuve sur mon CV de mon envie d’apprendre dans le domaine de la finance quantitative. Plus généralement, quel que soit le domaine qui vous intéresse, je recommande ce genre de programmes qui peuvent se faire dans de nombreuses universités à l’étranger. C’est parfois un investissement financier important, mais c’est une occasion unique de découvrir ou d’approfondir des sujets d’études, de rencontrer des étudiants venant du monde entier et de suivre des activités spécialement organisées par les universités pour les étudiants de ces programmes.
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En quoi ton profil est-il intéressant ?
Dans le cadre du semestre international obligatoire en troisième année à l’ESSCA, j’ai fait un stage en M&A à la Société Générale à Londres sur le secteur FIG (Financial Institutions Group) regroupant les institutions financières telles les banques, assureurs, gestionnaires d’actifs, etc. Cette expérience sur mon CV est un indicateur de résistance et de capacité de travail ; et ce même si ce n’est pas du tout le secteur de la banque vers lequel mène mon Master. Je n’ai pas choisi le secteur FIG par hasard : je voulais acquérir une connaissance approfondie des enjeux opérationnels, stratégiques et réglementaires de ces entreprises pour être mieux préparé à y faire carrière. De plus, mon admission à la Summer School de la LSE témoignait de ma motivation qui est – j’en parlerai plus tard – clé dans votre candidature.
Il faut savoir que si une bonne partie des étudiants en M1 sont des licenciés de Dauphine, il n’y a pas de quotas et le processus de recrutement n’est pas fait pour rechercher des profils‑type, mais des individus qui auront les qualités nécessaires pour suivre le Master puis une carrière dans les métiers auxquels il prépare.
Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi pour intégrer le Master 203 ?
Je n’ai pas assisté aux entretiens des autres candidats, mais je dirais que le plus important est votre motivation. Lors de l’entretien d’admission, vos examinateurs – dont la directrice du Master Gaëlle le Fol – vont, certes, vous poser quelques questions techniques (économétrie, finance ou mathématiques) car le programme est très quantitatif. Mais ils voudront surtout savoir ce que vous faites là ! Ils ne cherchent pas à vous piéger, mais à saisir la cohérence de votre projet avec le Master. Les métiers en finance de marché sont connu pour être exigeants et stressants, avec des salaires à la baisse ces dernières années en marché, au profit des activités de conseil. L’équation est simple, si vous n’aimez pas réellement ce que vous faites, vous ne tiendrez pas.
Il ne s’agira pas d’afficher cette motivation à tout va, mais véritablement de la démontrer. Il n’est pas obligatoire d’avoir des connaissances techniques en finance, mais vous devez savoir ce qui vous donne envie de travailler sur les marchés. Que vous ayez ou non une idée de ce que vous voulez faire – trading, structuration, gestion des risques – vous devez avoir une idée suffisamment renseignée des métiers auxquels le Master forme.
J’ai joué la carte technique alors que je ne venais pas d’un cursus technique ! Si un de mes examinateurs était surpris qu’un étudiant de mon niveau ait pu lire tant, j’ai pour autant dû montrer que mes lectures avaient été actives et m’avaient vraiment apporté. Lors de l’entretien, j’ai aussi séché sur certaines questions, et ce n’est absolument pas un drame car les quelques questions techniques servent seulement à vérifier que vous pourrez suivre les cours : vous êtes là pour apprendre, pas parce que vous prétendez tout savoir.
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Quel est ton ressenti sur le Master 203 ?
J’étais habitué à une large promo à l’ESSCA (250-300 personnes par campus), et j’ai découvert un Master où tout se déroule dans une classe de 20-25 personnes : différent, mais sympa aussi. Nous croisons rarement les M2 qui commencent les cours un peu plus tard et ont des horaires différents des nôtres, mais Stratéfi, l’association du 203, organise deux voyages d’une semaine à Londres et Hong‑Kong pour visiter les établissements ciblés par le Master (banques d’investissement et gestionnaires d’actifs). C’est l’occasion de mieux faire connaissance et de consolider le réseau du 203 entre les différentes promotions ; sans parler des traditionnels afterworks.
Nous avons l’avantage d’être beaucoup plus accompagnés individuellement par nos professeurs et par la directrice que dans les structures plus larges. Pour autant, si réussir son semestre est faisable, il faut tout de même garder en tête que le 203 est un Master difficile : il est très important de savoir tirer les leçons de ses erreurs et rebondir sans se décourager. Les étudiants ne sont pas à l’abri de mauvaises surprises, peu importe leur background : les examens sont exigeants et il est important de le réaliser. Les cours sont techniques et demandent un important investissement personnel, mais nous avons des professeurs passionnants.
Un conseil à donner à un étudiant visant un Master très sélectif ?
Je dirai qu’il faut avant tout rester humble et persévérer. Le 203 est un programme prestigieux dont les diplômés sont généralement satisfaits, mais il est aussi difficile et il est risqué de prendre la « grosse tête » car le retour à la réalité peut être violent. Au-delà des cours, le monde de la finance est très compétitif et stressant, et le secteur évolue dans un environnement difficile, notamment réglementaire. Être pris en Summer Internship dans une banque n’est pas garanti, même dans ces programmes, et trouver un stage long dans le domaine qui vous intéresse peut être tout aussi fastidieux. Si vous arrivez à rester humble face à vos succès (et intégrer le 203 en est un), vous saurez d’autant mieux rebondir sur vos échecs. Si votre motivation à travailler dans la finance est fondée, ces deux éléments devraient vous aider à ne pas vous décourager, qu’il s’agisse d’entrer au 203 après un parcours atypique, comme de construire votre future carrière.
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16 août, 2022