En ce début d’année 2025, l’Agefi a fait paraitre son traditionnel palmarès des conseils en fusion-acquisition sur le marché français. Décrite comme une année qui « restera dans les annales en termes de volumes », l’année 2024, bien qu’étant un pauvre millésime pour le M&A en France, a tout de même permis à certaines banques de se démarquer.

Lazard, une première place bien méritée

La banque d’affaires Lazard a tiré son épingle du jeu dans ce classement Agefi du M&A en France en 2024, malgré un volume d’opérations inférieur à celui de 2023. Grâce à son implication dans des transactions stratégiques telles que l’acquisition de Masmovil par Orange, la vente de Picard, ou encore l’opération TDF Fibre, la banque américaine est sur la première place du podium. Elle devance ainsi les deux autres poids lourds américains, Bank of America et Goldman Sachs, et relègue JP Morgan, le numéro un en 2023, hors du podium.

En France, en 2024, Lazard s’est illustrée en conseillant 73 opérations pour un montant total de 42,4 milliards d’euros. Elle devance Bank of America, qui a accompagné 17 transactions totalisant 35,2 milliards d’euros, et Goldman Sachs, qui occupe la troisième place avec 26 opérations pour une valeur de 33,9 milliards d’euros.

La première place de ce classement prise par Lazard rappelle la forte progression des boutiques M&A face aux Bulge Brackets. Aux Etats-Unis en 2024, les boutiques M&A ont représenté 38 % des volumes de transactions conseillées, avec en tête Centerview Partners qui a capté 5,35 % du total des commissions de conseil.

Le classement 2024 du M&A de l’Agefi ne porte que sur les transactions réellement conclues, excluant ainsi les annonces qui ne se sont pas matérialisées. Il est important de noter qu’il ne comporte pas les scissions d’entreprises, comme celles de Sodexo-Pluxee ou Vivendi l’an dernier.

Classement M&A France 2024 Agefi
Classement M&A AGEFI 2024 : les 10 premières banques en termes de valeur totale des opérations

Le marché des fusions acquisitions stagne en France

Après un début d’année marqué par des attentes de reprise, la réalité a vite rattrapé les espoirs : les volumes de transactions stratégiques impliquant une cible française se sont réduits à 39 milliards de dollars, soit une baisse de 22 % par rapport à 2023, selon le rapport annuel de Bain Capital. Le nombre de deals a également chuté de 15 %, un indicateur clair d’une certaine prudence sur les marchés. Le manque de gros redémarrage des transactions a laissé de nombreux observateurs perplexes. En effet, les tensions économiques et politiques, notamment la dissolution de l’Assemblée Nationale, ont contribué à ralentir la dynamique des fusions-acquisitions.

Pas de méga-deals M&A en France en 2024

L’un des faits marquants de 2024 reste l’absence de transactions de grande envergure, ces fameux « méga-deals » qui animent traditionnellement le marché des M&A. Hormis quelques grandes opérations comme celle d’Opella, racheté par CD&R pour une somme colossale mais dont le closing n’est prévu qu’en 2025, le marché n’a pas enregistré de transactions supérieures à 5 milliards de dollars cette année. Cette absence de méga-deals témoigne d’une certaine frilosité des acteurs, qui se montrent plus sélectifs et plus stratégiques dans leurs choix. Les incertitudes économiques et politiques en Europe, notamment en France, ont ajouté une dose d’hésitation, entraînant les acteurs du marché à privilégier des opérations moins risquées et plus ciblées. « Le marché des fusions et acquisitions a été pénalisé par les incertitudes politiques« , explique David Benichou, co-responsable de la banque d’investissement pour la France chez Morgan Stanley.

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La France, toujours attractive mais sélective

Malgré un environnement incertain, la France continue d’attirer les investisseurs étrangers, notamment pour des entreprises leaders dans leurs secteurs. « L’intérêt pour la France reste intact dès lors que les actifs sont des leaders de leur marché« , soulignent Jeremie Marrache et Anne Bizien, co-responsables du M&A chez Goldman Sachs en France. Les secteurs stratégiques, notamment ceux liés à l’innovation et à la transformation numérique, continuent de susciter l’appétit des investisseurs, notamment ceux des grandes banques d’affaires américaines, qui cherchent à se positionner sur des entreprises bien établies. Toutefois, cette attractivité ne se traduit pas par une explosion du nombre de transactions, mais par un ciblage plus précis des opportunités.

Les prévisions pour le M&A en France en 2025

Les prévisions pour 2025 sont teintées d’optimisme, à condition que le climat de confiance puisse être rétabli entre acheteurs et vendeurs, notamment en ce qui concerne les valorisations. Les experts s’attendent à un retour progressif des deals transfrontaliers, notamment dans des secteurs où les entreprises européennes chercheront à se renforcer aux États-Unis, où les perspectives de croissance sont plus favorables. 

Pour le marché du Private Equity, l’année à venir pourrait être marquée par un retour en force des sorties classiques, un élément crucial pour relancer le cycle des investissements. « Les gérants de Private Equity sont de plus en plus poussés par les Limited Partners à déployer les fonds levés et à rendre du capital« , souligne Jean-Baptiste Charlet. Les fonds de continuation, qui permettent aux investisseurs de maintenir leurs participations dans des entreprises en croissance, gagneraient également en popularité. Toutefois, ils ne représenteront sans doute pas une solution universelle pour le moment.

L’année 2024, malgré sa lenteur et l’absence de grands deals, n’a pas marqué la fin du marché des M&A en France. Si les volumes sont en baisse, l’attractivité de la France reste intacte pour des acteurs financiers stratégiques. Lazard, Bank of America et Goldman Sachs ont dominé ce millésime, mais l’année à venir pourrait offrir de nouvelles opportunités, notamment si les conditions économiques se stabilisent. Les prévisions pour 2025 restent positives, avec un retour attendu des transactions transfrontalières et des opérations en Private Equity, tout en restant prudent face aux défis liés aux valorisations et aux incertitudes politiques.

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