Vous avez probablement souvent entendu la phrase « Le Private Equity n’embauche pas de juniors ». Dans cette nouvelle interview, AlumnEye la décodera pour vous. Anthony est diplômé du Master 225 de Finance d’Entreprise et d’Ingénierie Financière de Paris Dauphine. Après une première expérience en M&A chez DC Advisory, il a rejoint il y a maintenant treize ans l’équipe parisienne de Motion Equity Partners où il est Directeur d’Investissements. Il vous fait découvrir son fonds d’investissement et vous livre son regard d’insider sur le Private Equity, avec en prime de précieux conseils sur la stratégie à adopter si vous souhaitez effectuer une carrière dans cette industrie. Bonne lecture !

Pouvez-vous nous présenter votre métier ?

De façon concrète, il consiste à accompagner des équipes de management dans des projets de développement ambitieux en France ou à l’international. Les sociétés que nous ciblons réalisent entre 50 et 300m€ de chiffre d’affaires. Motion Equity Partners se positionne donc comme un fonds de Private Equity mid-cap. Nous réalisons des opérations de LBO majoritaire en investissant des tickets en capital de 20 à 80m€. Nous nous différencions par notre savoir-faire démontré dans la réalisation d’opérations de croissance externe pour le compte de nos sociétés en portefeuille. Sur les 10 dernières années nous avons réalisé plus d’une quarantaine de « build-up » dans des pays aussi variés que l’Allemagne, la Thaïlande ou le Brésil.

Pourriez-vous nous présenter l’une de vos opérations récentes ?

Nous avons réalisé l’acquisition du groupe Altaïr, leader français des produits d’entretiens et insecticides ménagers commercialisés en grande surface de bricolage sous les marques Starwax et Kapo. Notre stratégie consiste à accompagner le groupe aux 70m€ de chiffre d’affaires dans son développement à l’international, qui se fera principalement par croissance externe, afin de consolider un marché européen encore très fragmenté. Nous sommes actuellement en discussions avancées avec plusieurs acteurs et espérons pouvoir permettre au groupe de doubler de taille rapidement.

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A quoi ressemble une journée type ?

Il n’y a pas de journée type, c’est justement la diversité des problématiques abordées qui rend ce métier passionnant. Cela passe par la recherche d’opportunités (études de secteurs, rencontres de conseils et dirigeants), l’accompagnement de nos participations (orientations stratégiques, croissances externes, investissements opérationnels, etc.) et bien entendu l’étude et la réalisation de projets d’investissement.

Quelles sont, selon vous, les motivations nécessaires pour postuler dans le secteur ?

Beaucoup pensent que le Private Equity est un métier focalisé sur les aspects financiers et c’est une erreur. Les dimensions business, légales et fiscales sont tout aussi clés ; le plus important restant l’aspect humain. Chaque investissement est avant tout une rencontre entre des managers et notre équipe dans l’optique de partager un projet de développement commun. Le Private Equity est vraiment un secteur complet dans lequel l’humain et le relationnel font la différence.

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Quels sont les profils présents dans votre équipe ?

L’équipe comprend aussi bien des ingénieurs (Polytechnique, Ponts et Chaussées) que des profils école de commerce (EM Lyon, Dauphine, EDHEC, ESSEC) ces derniers étant tout de même plus nombreux. Nous avons chez Motion réalisé nos 3 derniers recrutements suite à des stages effectués au sein de notre structure, et j’y suis moi-même entré en tant que stagiaire.

On dit souvent que le Private Equity n’embauche pas de juniors : pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Mon point de vue est assez différent. Je pense que jusqu’à une certaine période les profils « juniors » étaient quasi inexistants. Le profil type du candidat justifiait alors de 3/4 ans d’expériences en M&A, en financements structurés ou en conseil en stratégie. Le monde du Private Equity a depuis évolué et il n’est plus rare de voir des fonds recruter des jeunes diplômés et les former.

Si les places restent rares, je suis convaincu qu’aujourd’hui les candidats les mieux placés pour rejoindre un fonds de Private Equity sont ceux ayant déjà une expérience concluante en fonds ou en M&A, et ayant ensuite réalisé un très bon stage au sein de la structure qui recrute. Compte-tenu de la taille des équipes et donc de l’importance de chaque personne – y compris les juniors – un fonds ne peut pas se permettre de se tromper. Et le meilleur confort est clairement d’avoir déjà travaillé au préalable avec la recrue potentielle.

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Combien de postes de stagiaire offrez vous ?

Nous avons régulièrement un poste de stagiaire dans l’équipe mais jamais plus. Nous recrutons habituellement pour des débuts de stage en Janvier ou Juin. Les process de recrutement sont habituellement lancés environ 4 mois au préalable. Nos candidatures sont postées sur les sites des écoles cibles. Logiquement, nous visons des profils de top écoles de commerce et d’ingénieurs. Pour autant, nous valorisons les candidatures académiquement différentes mais affichant des expériences professionnelles pertinentes.

Quelles sont les qualités que vous rechercheriez chez un candidat ?

Des connaissances financières solides sont un prérequis mais ne suffisent pas. Les qualités principales recherchées sont : une forte curiosité, de la rigueur et un esprit entrepreneurial. Notre philosophie est d’associer pleinement les stagiaires à nos projets d’acquisition et de développement. Nous cherchons à les impliquer sur un maximum de sujets afin de leur offrir une expérience aussi enrichissante que possible. En contrepartie nous attendons un vrai professionnalisme de leur part, une maitrise parfaite des outils informatiques ainsi qu’une bonne capacité de synthèse.

Quels seraient les conseils que vous lui donneriez ?

Ma recommandation principale est de ne s’orienter vers le Private Equity qu’après une première expérience en banque ; idéalement en M&A. Si les responsabilités confiées à nos stagiaires sont avant tout proportionnelles à leur motivation, démarrer avec un niveau de rigueur déjà élevé et une bonne maîtrise des outils et concepts de base permet de gagner en autonomie et en responsabilité rapidement.

Interview réalisée par Marine Cocaud, étudiante à l’EDHEC et contributrice du blog AlumnEye