Comme chaque année, l’Agefi – un groupe média financier – établit un classement des banques conseils en fusions-acquisitions (M&A). Ce classement repose sur une méthodologie rigoureuse : les données prises en compte concernent les opérations finalisées au 31 décembre 2023, impliquant une partie française significative, que ce soit le siège social de la cible, de l’acquéreur ou du cédant en France, ou un actif principal historiquement français représentant au moins 50% du chiffre d’affaires.
Pour l’année 2023, ce classement s’est opéré dans un marché marqué par une forte dépression, avec des volumes de transactions en nette baisse par rapport aux années précédentes. Le M&A a connu une diminution mondiale d’environ 20% par rapport à 2022, et même de 40% par rapport à l’année record de 2021. En France, la tendance est similaire, et plusieurs facteurs expliquent cette situation : l’inflation, la hausse des taux, les craintes de récession dans divers pays et les tensions géopolitiques. Cette année, les méga-deals, impliquant des transactions de plus de 10 milliards d’euros, ont été rares. Les opérations de taille plus réduite, évaluées entre 1 et 5 milliards, ont prévalu sur le marché sans pour autant contrebalancer la baisse des volumes. Les fonds de Private Equity, qui représentent habituellement entre 30 et 40% des transactions, ont largement fait défaut en raison du coût élevé de la dette, principal levier pour leurs opérations.
Dans ce contexte difficile, le classement de L’Agefi pour 2023 consacre JP Morgan comme la grande gagnante avec environ 56 milliards d’euros d’opérations bouclées. La banque américaine a profité de son envergure internationale pour accompagner les groupes français dans leurs transactions à l’échelle mondiale. Au premier semestre 2023 déjà, JP Morgan s’est démarquée en conseillant sur des transactions majeures, telles que la vente de Bank of the West par BNP Paribas pour 14,5 milliards d’euros, l’acquisition des minoritaires d’EDF par l’État pour près de 10 milliards, l’OPA de Schneider Electric sur les parts minoritaires d’Aveva pour 4,7 milliards ou encore le rachat de LeasePlan par ALD – filiale de la Société Générale – pour 4,9 milliards. Ces opérations ont grandement contribué à placer JP Morgan en tête du classement pour l’année 2023.
En se positionnant juste derrière JP Morgan, Goldman Sachs, une autre banque américaine, a joué un rôle crucial dans plusieurs transactions majeures, se hissant à la deuxième place du classement. En revanche, Rothschild & Co, ayant été en tête l’année précédente, a cette fois-ci complété le podium en misant sur un volume substantiel d’opérations, ayant conclu plus de 100 transactions au cours de l’année.
Les banques françaises ont conservé une présence significative dans le classement des fusions-acquisitions de L’Agefi pour 2023. BNP Paribas conserve notamment sa cinquième place du classement. Malgré le recul de Société Générale CIB et Crédit Agricole CIB, respectivement aux septième et huitième places, de nouvelles institutions telles qu’Edmond de Rothschild Corporate Finance et Amala Partners ont émergé, s’installant aux 19e et 20e rangs. L’ascension de ces deux banques dans le classement des fusions acquisitions semble résulter de leur orientation sur les segments du small et mid cap, moins affectés par l’incertitude économique, la hausse des taux et l’inflation. Pour 2024, les prédictions demeurent incertaines, mais de nombreux experts estiment que la stabilité des taux pourrait apporter de la visibilité et de la confiance aux acteurs du marché. Les grands groupes français devraient poursuivre leurs opérations, tandis que certains acteurs pourraient réévaluer leur portefeuille et céder des actifs, stimulant ainsi le marché. Surtout, le retour attendu du Private Equity, ayant été en veille pendant un an, pourrait redynamiser le marché M&A avec des cessions d’actifs et une reprise d’activité.
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Le classement de l’Agefi des banques conseils en fusions-acquisitions sur le marché français en 2023
Source : l’Agefi
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7 juillet, 2017