Intelligence artificielle, réalité virtuelle, big data, robots… Quantité d’innovations ont vu le jour très rapidement ces dernières années. Une multitude de nouvelles technologies est venue inonder le quotidien de chacun, et pour les plus ouverts au changement, leur lieu de travail. Des plateformes visent désormais à faire gagner du temps aux employés, comme Replicon (outil de reporting des ventes automatique), quand d’autres offrent un gage de sécurité (plateformes blockchain par exemple).
Alors que les start-ups et certaines PME, fortes de leur dynamisme, ont pris la vague de l’innovation digitale, les grandes institutions – en particulier les banques – ont du mal à s’y mettre : elles peinent à proposer des services en ligne aux clients (BNP n’a entamé aucune réorganisation de ses réseaux jusqu’en 2017), alors que les moyens de paiement restent très restreints.
De fait, de nouveaux acteurs commencent à s’imposer dans le paysage bancaire : les FinTech. Ces entreprises utilisent la technologie pour repenser les services financiers et bancaires.
En pleine explosion depuis quelques années, l’industrie FinTech pèse désormais entre 6 et 8 milliards d’investissement. Parmi les startups créées, on compte Square par exemple, introduite au public comme moyen de paiement en ligne, qui offre désormais des prêts aux PME.
Fintech et banques ont donc grand intérêt à s’entendre. En effet, alors que les premières développent des technologies innovantes, les secondes jouissent de leur notoriété pour convaincre les clients.
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Le Constat
En 2017, l’EFMA rapportait que seulement 37% des clients étaient satisfaits de leur banque. Pour cause, une transition digitale qui se fait attendre : la plupart des banques actuelles ont à peine entamé des projets de services en ligne. Le Crédit Agricole par exemple affiche uniquement 4 millions d’utilisateurs de son application mobile (pour 21 millions de clients), alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à abandonner les banques pour de nouveaux acteurs tout en ligne, jugés plus pratiques et rapides. En témoigne la réussite fulgurante de N26 qui permet « d’ouvrir un compte bancaire en 8 minutes seulement. »
L’année dernière, Jost Hoppermann, analyste chez Forrester, prévenait les acteurs bancaires : « ils doivent changer la manière dont ils conçoivent et développent les applications bancaires. » Forrester note aussi que la plupart des banques ont ouvert leur API (interfaces de programmation) à des tiers, preuve que le souci d’innovation pèse plus que jamais.
Des unions gagnantes pour les deux parties
Ce sont ces tiers -des entreprises spécialisées en technologies- qui profitent de cette transition. Par exemple, Orange Bank a déployé dès son lancement en 2016 le chatbot Watson (développé par IBM permettant de répondre automatiquement aux clients d’une plateforme). De même, la division Real Estate de la BNP a offert en 2017 un partenariat au français Vectuel (visites d’appartement en réalité virtuelle), une solution permettant aux entreprises de visiter leurs futurs locaux en réalité virtuelle. Par cette alliance, l’institution française prouve qu’elle s’adapte aux dernières technologies, offrant une expérience utilisateur unique en son genre.
Pour les banques, il s’agit de gagner en efficacité : le Crédit Mutuel estime que son outil d’intelligence artificielle permettrait de libérer 200 000 jours-homme sur la prochaine décennie, soit plus de 60 millions d’euros.
Les FinTechs associées à ces projets récupèrent en échange de leur collaboration les ressources des grands réseaux financiers : conseil, investissements conséquents, diffusion à une clientèle instituée.
ING, une des plus grandes banques néerlandaises, a même ouvert un incubateur à Amsterdam pour se rapprocher de startups prometteuses. Plus encore, Capgemini publiait en 2017 le World Retail Banking Report. Ses conclusions sont sans appel : si les banques ne se rapprochent pas des Fintechs, elles risquent de perdre des parts de marché « considérables ».
Quand les banques forcent le pas
D’ailleurs, ces rapprochements sont désormais forcés par les banques, qui n’hésitent pas à recourir à des offres d’achat parfois hostiles…
Par exemple, la BNP s’est introduite au capital de Nickel au bout de 4 ans d’activité seulement. Cette FinTech française créée en 2012 offre des services d’assurance de carte bancaire. À la suite de cette opération (à 200 millions d’euros), les fondateurs de la startup ne détenaient plus que 5% du capital. De même, Leetchi (cagnotte en ligne) a été acquise en 2015 par Arkéa. Bien que l’équipe dirigeante continue à gérer la structure, il est probable que ses choix stratégiques soient largement orientés et moins spontanés qu’auparavant.
Certes, ces opérations profitent aux deux parties (innovation aux banques contre marché pour les fintechs), mais elles soulignent le risque de brider – voire de détruire- la créativité de ces startups. Certains pourraient même voir dans ces campagnes de rachat une tentative d’éliminer la concurrence.
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Une fausse concurrence aux banques
En effet, certaines startups refusent de participer à des rachats. C’est le cas par exemple de Kantox (échange de devises en ligne pour les entreprises), qui a préféré se tourner en 2017 vers le fonds de capital-risque Orange Digital Ventures pour lever 17 millions d’euros. Kantox se positionnait alors comme concurrent direct des banques traditionnelles. Philippe Gelis, CEO chez Kantox, note dans une interview que certaines banques menacent leurs clients de mettre fin à leur crédit s’ils passent par une société FinTech pour échanger des devises, signe que les FinTech sont considérées par certaines comme un risque pour leur activité.
Cependant, il évoque dans la même interview « une relation de concurrence-collaboration » entre FinTech et banques, qui « semble aller de plus en plus vers la collaboration. »
En effet, la plupart des FinTech ne sont pas en concurrence avec les banques. Faute de notoriété et de moyens financiers, elles ne peuvent pas atteindre un public aussi large. Au mieux, elles posent des défis aux grandes institutions, en leur imposant des changements.
Nicolas Chatillon, directeur de la coordination banque commerciale et Assurance au groupe BPCE, affirme que les « banques doivent passer d’une approche-produit à une approche-client ». En effet, lorsque les banques offrent des produits (prêts, titres, etc.), les FinTechs mettent l’accent sur l’expérience-utilisateur.
Les banques face aux GAFA
Si les FinTech ne constituent pas une réelle concurrence pour les banques, d’autres acteurs devraient les inquiéter : les GAFA. Ces géants de l’Internet se sont lancés ces dernières années dans les systèmes de paiement. Par exemple, Apple a dévoilé en 2014 ApplePay, un service permettant de payer en ligne et en magasin physique grâce à son smartphone. Grâce aux technologies de son iPhone (notamment le capteur biométrique), Apple promet des paiements plus sécurisés que par carte bancaire. De même, Facebook envisage des transferts d’argent via Messenger (sa messagerie mobile) sans frais, alors que les banques prélèvent des cotisations sur les virements.
Si ces outils ne sont pas encore très avancés (Google n’a encore jamais offert de prêts à ses utilisateurs), les banques ont tout intérêt à se méfier de ces entreprises. En effet, leurs technologies pourraient leur permettre de développer des solutions bancaires très rapidement, avant même que les banques ne puissent réagir.
La concurrence des GAFA pose un réel défi aux banques : à défaut de pouvoir les racheter ou de pouvoir s’unir, elles devront employer massivement des ressources pour développer des technologies à la hauteur de leur ère.
Ainsi le secteur bancaire attend une révolution qui profitera à de tout nouveaux acteurs. A l’heure où les GAFA pourraient bousculer l’industrie, les banques doivent développer rapidement des solutions technologiques pour rester à la hauteur. Pour ce faire, les FinTech se présentent comme leurs meilleurs alliés dans cette course à la digitalisation.
Raphael Hassid, étudiant à l’EDHEC Business School
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