Ray Dalio, ou de son vrai nom Raymond Dalio, est considéré comme l’un des plus grands investisseurs de tous les temps. Tout juste retraité de Bridgewater Associates, le Hedge Fund qu’il a créé, Ray Dalio aura marqué le monde de l’investissement par ses performances exceptionnelles, par sa philosophie d’investissement et par les quelques essais qu’il a publiés.
De l’élève médiocre à l’expert des matières premières
Né en 1949, fils unique d’une mère au foyer et d’un père musicien, Ray Dalio grandit à Manhasset sur Long Island. À 12 ans, alors qu’il n’aime pas l’école et a des problèmes de mémorisation, il décide de travailler en tant que caddie au Links Golf Club pour gagner de l’argent de poche. Il côtoie alors les clients les plus prestigieux du golf, comme le duc de Windsor (anciennement roi Édouard VIII d’Angleterre), l’ancien vice-président et bientôt président Richard Nixon et de nombreux analystes de Wall Street qui, en parlant de leur métier, lui donnent le goût des marchés financiers.
Cependant, c’est véritablement après son premier investissement en bourse, 300 dollars d’épargne qu’il parvient à faire tripler, qu’il devient passionné par les marchés financiers. Il se met alors à décortiquer les résultats des entreprises et à discuter avec les analystes tout en continuant à investir.
Compte tenu de ses résultats scolaires peu exceptionnels au lycée, Ray Dalio connait quelques difficultés à trouver une université. Il finit par s’inscrire au C. W. Post College, un établissement bien moins réputé que ceux que fréquentaient les jeunes de Wall Street. Enfin libre de choisir ses propres cours et de suivre ses propres intérêts, Dalio s’épanouit sur le plan académique. Grâce à ses excellents résultats scolaires à l’université, il est enfin admis à la Harvard Business School, où il commence à écrire sa légende. Il réussit notamment à financer ses études avec les gains de ses investissements.
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A l’été 1971, il débute sa carrière et travaille en tant que commis à la bourse de New York où il est témoin d’une crise financière mondiale et de la fin des accords de Bretton-Woods, qui vont avoir de nombreuses conséquences sur le prix des matières premières. Il décide alors de se spécialiser sur les contrats à terme de matière première, où il voit une opportunité de réaliser un profit considérable avec un investissement minimal dû aux faibles marges requises.
Entre ses deux années à Harvard, Dalio passe l’été chez Merrill Lynch à négocier des matières premières. Sa spécialisation, jusqu’alors peu développée à Wall Street, devient alors à la mode avec la flambée des prix des matières premières. Il est ainsi l’un des seuls à avoir de réelles connaissances dans ce secteur ce qui lui permet de s’imposer rapidement dans le milieu.
La création du plus gros Hedge Fund du monde : Bridgewater Associates
Dalio travaille pendant un an pour Dominick & Dominick LLC, une société d’investissement dans laquelle il occupe le poste de Director of Commodities, avant de devenir trader chez Shearson Hayden Stone en 1974. À l’époque, Shearson était dirigé par Sanford Weil, future légende de Wall Street en tant qu’architecte de la fusion qui a créé CitiGroup. De son propre aveu, Dalio ne supportait pas la structure hiérarchique de Shearson et les choses se gâtent lors d’une soirée du Nouvel An lorsqu’il en vient aux mains avec son chef de département.
Furieux, il quitte Shearson pour négocier de manière indépendante avec certains de ses clients qui lui font encore confiance. À l’âge de 26 ans, il ouvre Bridgewater Associates en tant que modeste société de trading, opérant dans son propre appartement. L’entreprise délivre des conseils en matière de risque de change et de taux d’intérêt à un petit nombre d’entreprises clientes, mais très vite, fort de son succès, il attire une audience plus large, notamment McDonalds, le fonds de pension de la banque mondiale (1985) ou encore de Kodak (1987) faisant grossir son entreprise de manière considérable.
En 1991, Bridgewater crée le Hedge Fund « Pure Alpha ». Ce terme fait référence à la différence entre les rendements supérieurs à ceux du marché, appelés « alpha », et les rendements moyens du marché, appelés « bêta ». C’est l’une des premières entreprises à reconnaître explicitement la distinction entre ces deux types de rendement et à élaborer une stratégie en conséquence. Véritable figure de proue de Bridgewater, le fonds « Pure Alpha » affiche au 31 juillet 2022 un rendement annuel moyen de 11,4% depuis son lancement il y a plus de 30 ans.
Pure Alpha facture des frais de 2% sur l’ensemble des actifs sous gestion et de 20% sur la performance pour tout rendement supérieur au marché, soit la structure de frais habituelle pour un fonds spéculatif. Le fonds a été conçu pour être un portefeuille diversifié, capable de performer en tout temps, qui investit dans une large gamme d’actifs, y compris les actions, les obligations, les devises et les matières premières. Le fonds est géré de manière quantitative, en utilisant des modèles mathématiques complexes et des algorithmes pour identifier les opportunités d’investissement.
Bridgewater emploie aujourd’hui plus de 1400 personnes mais a su garder son indépendance. En 2010, Ray Dalio a vendu au personnel de Bridgewater environ 20 % de l’entreprise et a rejeté toutes les tentatives d’introduction en bourse de l’entreprise, qui selon lui, compromettrait ses valeurs fondamentales.
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Aujourd’hui, Bridgewater Associates est le plus grand Hedge Fund au monde et gère plus de 150 milliards de dollars pour ses investisseurs. La clientèle de Bridgewater est presque entièrement composée d’investisseurs institutionnels, notamment des gouvernements étrangers, des banques centrales, des fonds de pension, des fonds de dotation universitaires et des fondations caritatives, contrairement à d’autres fonds spéculatifs qui servent à la fois des particuliers fortunés et des clients institutionnels.
Un style de trading hors pair menant à des résultats exceptionnels
Ray Dalio n’est pas seulement un formidable homme d’affaires, il est aussi un trader de génie. Il a fondé Bridgewater sur une stratégie d’investissement connue sous le nom de « global macro », qui consiste à réaliser d’importants investissements à l’échelle mondiale sur la base de variables systémiques générales. L’élément commun de sa stratégie est d’obtenir de bons résultats quelles que soient les conditions du marché.
Au-delà de la création du plus grand Hedge Fund du monde, Ray Dalio est aussi connu pour avoir anticipé et expliqué la crise de 2008. La majorité des fonds d’investissement a subi de lourdes pertes tandis que son fonds « Pure Alpha » enregistrait des rendements de 9,5 %.
L’année suivant la crise des subprimes, il publie un essai intitulé « A Template for Understanding What’s Going On » dans lequel il explique la situation et ce qui a mené à la crise. Les marchés ont continué à donner raison à sa stratégie avec 45 % de rendement en 2010, soit 15 milliards de dollars. En 2011, il publie gratuitement un second essai intitulé « Principles », où il explique sa stratégie de gestion et l’importance de la diversification.
En 2022, le fonds « Pure Alpha » se distingue avec un rendement de 32% à la moitié de l’année contre -21% pour le S&P 500. Le 4 octobre, Ray Dalio démissionne de son poste de Chief Investment Officer (CIO) et cède ses droits au conseil d’administration, 40 ans après la création de l’entreprise. Cependant, Ray Dalio ne quitte pas totalement l’entreprise et occupe désormais un poste de consultant pour les nouveaux co-CIO.
Cédric Bordenave, étudiant à SKEMA et contributeur du blog AlumnEye
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