Vous avez tous entendu parler du Covid-19, mieux connu sous le nom de coronavirus. Il fait actuellement les gros titres et a eu d’énormes conséquences sur notre manière de vivre, de consommer et de penser. Les marchés boursiers se sont écroulés, et certains économistes prédisent une forte récession économique qui pourrait baisser le PIB mondial de 10% à 20%.

 

Qu’est-ce que le Covid-19 ?

Le 9 janvier 2020, les autorités sanitaires chinoises et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annoncent officiellement la découverte d’un nouveau type de coronavirus dans la ville de Wuhan, en Chine. Ce nouveau virus, nommé Covid-19 (pour CoronaVirus Disease), a franchi les portes du territoire chinois et s’est installé dans le monde entier.

La pandémie du Covid-19 ne cesse de s’étendre au niveau mondial et au 24 mars 2020, 169 pays sur les 198 pays au total sont désormais touchés. Ce sont plus de 386 000 personnes qui sont contaminées dans le monde, dont 16 000 qui en sont décédées. Le pic semble encore être à venir, puisque le nombre de personnes contaminées augmente drastiquement de jour en jour. Ce sont ainsi 41 371 nouveaux cas qui ont été confirmés du dimanche 22 mars au lundi 23 mars au niveau mondial.

Initialement qualifié par certains comme inoffensif et moins dangereux que la grippe, comment le Covid-19 a-t-il crée la psychose au niveau mondial, psychose qui se répercute sur les marchés boursiers ?

 

Retour sur la semaine du 9 mars 2020

  • Lundi 9 mars : Les marchés s’écroulent après la décision de l’Arabie Saoudite d’inonder les marchés avec son pétrole à prix réduit. Le baril de Brent perd 25% de sa valeur. La Bourse de Paris perd 8,39%, sa pire chute sur une séance depuis octobre 2008. Le Dax perd 7,94%, la Bourse de Milan décline de 11,17%, etc. L’adjectif « lundi noir » a été utilisé par les investisseurs.
  • Mardi 10 mars : Petit rebond des marchés financiers, notamment grâce aux annonces en faveur de mesures budgétaires pour lutter contre l’impact du coronavirus. Cependant, l’inquiétude des marchés est belle et bien présente.
  • Mercredi 11 mars : Les acteurs sont toujours inquiets, et les marchés n’arrivent pas à remonter. Le soir même, le président américain Donald Trump annonce la fermeture des frontières américaines.
  • Jeudi 12 mars : Le 12 mars 2020 restera une journée noire et historique pour les marchés. La Bourse de Paris a baissé de 12,28% et se retrouvait à 4 044,26 points, soit la pire baisse de son histoire. Le Dow Jones enregistre sa plus forte baisse depuis le krach de 1987 (9,99%), le S&P500 baisse de 9,51% et le Nasdaq de 9,43%.
  • Vendredi 13 mars : Faible rebond des indices, le CAC40 termine la semaine sur une hausse de 1,83%. Les indices américains Dow Jones, Nasdaq et S&P500 se relèvent de 6%.

La semaine du 9 mars 2020 s’inscrit donc dans les pires semaines qu’ont connu les marchés financiers. Au cours de la semaine, le CAC40 a perdu 20,03% de sa valeur initiale.

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Les conséquences du Covid-19 sur les marchés financiers

Les marchés financiers anticipent une diminution de la croissance mondiale due au Covid-19. L’économie mondiale est fortement ralentie par le Covid-19, phénomène qui est accentué par l’interdépendance de l’économie aujourd’hui. Dans le monde entier, ce sont plusieurs pays majeurs comme les Etats-Unis et la France qui ferment progressivement leurs frontières et cessent donc toute activité commerciale. Suite à cela, les exportations et importations mondiales de marchandises se sont écroulées, d’autant plus que la Chine ne peut plus jouer son rôle d’« atelier du monde ». Le cabinet de conseil A.T. Kearney parle d’ « effet domino » pour décrire ce phénomène de ralentissement économique crée par l’interdépendance de l’économie.

Partout dans le monde, les commerces et industries ferment peu à peu leurs portes, et de grands évènements comme le salon de l’Automobile à Genève et le Global Marketing Summit de Facebook ont été annulés. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, craint un « risque réel et croissant de récession mondiale ». De nombreux pays ont pris des mesures de confinement afin de contenir la propagation du virus. C’est par exemple le cas de la France, l’Italie ou bien l’Espagne qui ont décidé de limiter les déplacements de l’ensemble de leur population. Depuis le vendredi 20 mars, les Etats de Californie et de New York sont également en confinement total et ont cessé toute activité jugée non indispensable. Ces mesures ont assurément de très grandes conséquences sur l’économie, d’autant plus que les acteurs concernés sont majoritairement de grandes places boursières dans lesquelles l’activité économique est très forte. La France et l’Italie se situent dans les dix pays les plus riches du monde, suivis par l’Espagne en 13ème place. La Californie, quant à elle, abrite le centre d’innovation mondial qu’est la Silicon Valley, avec des entreprises majeures comme Facebook, Google, Apple et Tesla. Une étude réalisée en 2017 par les économistes Lawrence Summers, Dean Jamison et Victoria Fan a estimé les pertes annuelles d’une pandémie de grippe à 500 milliards de dollars par an. La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde dit s’attendre à une récession « considérable » en zone européenne. Elle ajoute : « une grande partie de l’économie est à l’arrêt, par conséquent l’activité économique dans la zone euro va se contracter considérablement ».

 

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Des secteurs en première ligne

Certains secteurs d’activité sont plus vulnérables que d’autres à la crise sanitaire.

Le secteur aérien est la première victime de cette crise. Les compagnies aériennes ont pour la plupart perdu 30% de leur valeur boursière, et certaines compagnies ne vont pas pouvoir s’en relever. Flybe, la compagnie aérienne régionale britannique a annoncé le mercredi 4 mars 2020 la fin de ses activités et le dépôt de son bilan. L’entreprise était à court de liquidités et n’a pas pu faire face au frein brutal du trafic aérien. Plusieurs autres compagnies aériennes souffrent du même problème mais leur gouvernement leur est venu en aide. C’est le cas d’Alitalia en Italie ou Norwegian en Norvège qui sont fortement soutenues par leur gouvernement respectif. Ce phénomène de mise sous perfusion de compagnies avec de l’argent public peut également s’observer en Inde, en Malaisie, en Afrique du Sud et même à Abu Dhabi. Le trafic aérien est complètement gelé par le coronavirus, et les marchés boursiers y sont très sensibles.

Le tourisme, qui représente 7 à 8% du PIB français et 10% du PIB mondial, est également paralysé par le virus. Tout d’abord, c’est une diminution de la clientèle chinoise. Celle-ci représente au total 250 milliards d’euros de dépenses annuelles, dont 50 milliards sont dépensés en Europe. En Asie, les répercussions du Covid-19 sont très lourdes : en Thaïlande, au Cambodge et au Vietnam le tourisme a perdu 40 à 60% de son chiffre d’affaires.

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L’inquiétude des marchés : une situation d’incertitude totalement inédite

Les marchés sont en général très vulnérables aux incertitudes et le Covid-19 a fait entrer le monde entier dans un état d’incertitude absolu.

Contrairement à la crise des subprimes en 2008 qui était avant tout une crise financière, nous traversons actuellement une crise sanitaire qui n’est malheureusement semblable à nulle autre. Bien que le Covid-19 soit souvent comparé au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) apparu en Chine en 2002, les conséquences sur l’économie mondiale des deux virus ne sont pas comparables, étant donné que l’économie de 2003 n’était pas aussi interdépendante qu’elle l’est aujourd’hui. De même, la Chine ne s’était pas encore imposée comme le premier pays importateur et exportateur mondial.

Par expérience et afin de prévenir tout effondrement de l’économie mondiale, les banques centrales ont dû intervenir sur les marchés financiers. En effet le 15 septembre 2008 lors de la crise des subprimes, suite à l’annonce de la banque centrale américaine de ne pas sauver de la faillite une de ses plus grandes banques d’investissement Lehman Brothers, les marchés financiers ont extrêmement mal réagi et cela a notamment causé le krach boursier de 2008. Aujourd’hui, afin d’éviter que cette situation ne se reproduise et afin de relancer l’économie, la Banque centrale européenne (BCE) va injecter plus de 1.100 milliards d’euros de liquidités dans les marchés, et son homologue américain la Federal Reserve System (FED) injectera à son tour 1.500 milliards de dollars. D’autres banques centrales comme la Banque d’Angleterre, la Banque du Japon, la Banque nationale suisse et Banque du Canada vont également suivre. Elles constituent la première barrière contre l’effondrement de l’économie. Ces annonces extrêmes n’ont pas pour autant réussi à faire rebondir les marchés financiers, ces derniers craignant que les mesures des banques centrales n’apportent qu’un soutien limité à l’économie mondiale. En effet, malgré les nombreuses injections de la part des banques centrales, les usines, les commerces et les entreprises restent fermés. La crise sanitaire actuelle a par conséquent créé une crise économique sous-jacente. Les ménages n’ont plus confiance en l’économie et ne consomment plus autant qu’avant.

La différence majeure entre la crise des subprimes en 2008 et la crise d’aujourd’hui réside dans la nature de la crise. En 2008, il s’agissait d’une crise financière qui pouvait être surmontée en injectant de grandes quantités d’argent. Aujourd’hui, il s’agit d’une crise sanitaire dont l’évolution nous est encore incertaine. C’est cette incertitude de l’avenir qui est la cause de la volatilité extrême des marchés.

 

Frédéric Nguyen, étudiant à l’Ecole Centrale de Lyon et contributeur du blog AlumnEye