Steve Anavi, passionné par l’innovation et l’entrepreneuriat, s’est lancé en 2016 dans le projet de création d’une néobanque dédiée aux PME. Depuis son lancement officiel en 2017, Qonto connaît une croissance exponentielle et séduit toujours plus d’utilisateurs.
Bonjour Steve, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Après avoir étudié la microtechnique à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, j’ai obtenu un master et ai effectué une thèse en traitement de l’image à l’université de Tokyo au Japon. J’ai ensuite travaillé pendant quatre années chez Deloitte dans le domaine du capital market et de la gestion des risques.
À 28 ans, je me suis inscrit à l’INSEAD pour y obtenir un MBA ; j’étais alors indécis sur la suite à donner à mon parcours et je souhaitais me confronter à d’autres étudiants. À la sortie de l’INSEAD, en 2012, j’ai rejoint Groupon, où j’ai exercé la fonction de directeur des opérations pour la France, puis pour l’Europe et l’Asie.
A la même époque, j’ai renoué avec un ancien camarade et nous avons décidé de monter une boite sans toutefois avoir d’emblée une idée précise du projet que nous souhaitions développer. C’est après plusieurs mois de brainstorming qu’est né Smokio, la première entreprise fabriquant des cigarettes électroniques connectées. L’aventure a duré deux ans, puis nous avons été rachetés. Quelques années plus tard, nous avons à nouveau souhaité travailler ensemble. Tout en cherchant à déceler ce qui manquait à la société, nous nous sommes concentrés sur le secteur BtoB. Nous sommes finalement partis d’une expérience personnelle dont le constat avait été la médiocre adaptation de la banque aux besoins des PME. Nous avons donc conçu le projet de création d’une néobanque des PME en 2016 ; c’est ainsi que Qonto a été lancée en juillet 2017.
Pour quelle raison avez-vous quitté Deloitte ?
J’ai apprécié d’être consultant en capital markets : cela m’a permis d’apprendre beaucoup et de rencontrer des gens sympathiques, mais au bout de quelques années, j’ai ressenti le besoin de connaître autre chose.
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D’où vient cet intérêt pour les domaines de l’innovation et de l’entrepreneuriat ?
Je pense que mon intérêt pour l’entrepreneuriat provient tout d’abord de ma curiosité et de mon envie d’explorer. Cela concerne aussi bien la recherche et l’analyse de sujets d’innovation que la construction d’une équipe ou la découverte de problèmes auxquels on n’est pas forcément confrontés quand on travaille pour d’autres (levées de fonds, recrutements pertinents, stratégie de base de l’entreprise).
Les premiers obstacles franchis, l’expérience se poursuit naturellement : la première aventure s’étant bien passée, j’étais motivé pour continuer dans le domaine de l’entrepreneuriat et je ne souhaitais pas retourner dans une entreprise traditionnelle, ou du moins pas d’emblée.
Comment est né Qonto ?
C’est notre propre expérience professionnelle chez Smokio qui nous a sensibilisés au sujet des dysfonctionnements bancaires pour les PME. Dans notre précédente boite, les opérations de virement ou de comptabilité passaient par des contraintes administratives et bureaucratiques chronophages.
Pouvez-vous nous présenter les fonctionnalités offertes par Qonto ?
Une PME peut créer un compte pro sur notre site internet en cinq minutes. Dès lors, elle peut déposer sur ce compte son capital social, obtenir un RIB, commander ses moyens de paiement en ligne et effectuer virements et opérations sur carte. Au-delà de ces services, nous pouvons également aider efficacement à la gestion de la PME grâce à des fonctions spécifiques d’aides à la trésorerie ou à la comptabilité. Un autre atout de Qonto est la réactivité par rapport aux demandes des clients auxquels nous répondons en moins de quinze minutes.
Comment expliquez-vous l’essor que connaît Qonto ?
Avec Qonto, nous avons réinventé l’expérience bancaire en mettant le client au centre de notre réflexion. C’est notre gros point de différenciation. Nous avons construit une offre customisée et parfaitement adaptée aux besoins des PME.
La simplicité d’utilisation de Qonto ainsi que son moindre coût sont également de forts atouts.
Quels sont les principaux défis auxquels vous devez faire face ?
Le premier, c’est de s’imposer une discipline permettant de gérer son temps afin de rester concentré, tout en assumant beaucoup de tâches variées quotidiennement.
Le deuxième défi à relever est de savoir s’entourer de gens talentueux. Quand une entreprise grossit, il faut savoir recruter des managers et accepter de leur faire une place.
Le troisième défi à relever est celui de parvenir à un équilibre harmonieux entre vie personnelle et vie professionnelle. Quand on crée une entreprise, on y consacre beaucoup de temps personnel. Il faut tout de même s’imposer une discipline afin de déconnecter de son travail et d’avoir des activités extérieures.
Quels sont vos projets pour Qonto ?
Nous avons beaucoup d’ambition pour l’entreprise. Nous voulons construire la meilleure équipe possible pour le meilleur service possible. Notre objectif est d’être rentable au plus vite en intéressant un grand nombre de PME qui accepteront le service payant de Qonto dès lors que nous les aideront à résoudre les points de difficultés qu’elles rencontrent sans Qonto.
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Quelle est votre plus grande fierté ; Smokio ou Qonto ?
Les start-up c’est un peu comme les enfants, on ne peut pas trop choisir. Mais ma plus grande fierté chez Qonto, c’est l’équipe que nous construisons ; elle est hyper compétente et motivée et partage notre vision des choses.
D’ailleurs, en mars dernier, moins de 9 mois après sa création, nous avons franchi le cap des 10 000 utilisateurs. Je suis très content de ce résultat.
Quelles sont vos galères en tant qu’entrepreneur ?
Une grosse difficulté a été de trouver un bureau en France alors que nous ne travaillons sur le projet que depuis une année, ce qui ne représentait pas un historique solide.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans le domaine de l’entrepreneuriat ?
L’entrepreneuriat nous fait découvrir constamment des situations nouvelles, avec des problèmes techniques dont il faut trouver la solution, et avec des relations humaines constamment renouvelées.
Ensuite je trouve qu’il est à la fois motivant et excitant de porter un projet qui n’existait pas deux ans auparavant, et pour lequel nous avons créé de la valeur.
Vous avez le même associé depuis vos débuts dans l’entrepreneuriat. Comment choisir l’associé idéal ?
L’associé idéal n’existe pas. Je cherchais quelqu’un qui soit comme moi capable de travailler beaucoup, qui ait les mêmes ambitions que moi sur la façon de développer une start-up, et avec lequel je pourrai partager également mes aspirations personnelles. Nous n’avons pas cherché à être complémentaires lorsque nous nous sommes associés mais avons conçu une relation en binôme. Si notre binôme résiste au temps, c’est aussi dû à une volonté profonde d’entretenir la qualité de la relation avec l’associé : il n’est pas un copain, pas un parent, pas un collègue. Il a un statut unique et spécial.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner à nos lecteurs pour réussir dans le monde de l’entrepreneuriat ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer dès lors qu’une bonne idée s’impose. Il y aura toujours de bonnes idées, basées sur des observations pertinentes. Toutefois, il faut être conscient que la bonne idée ne suffit pas : pour qu’une boite naisse et vive, il faut conjuguer de nombreux talents.
Notamment il faut être préparé à l’idée d’accepter des sacrifices. Au départ lorsqu’on monte une entreprise, il faut avoir une disponibilité totale et une grande force psychologique car la concurrence est rude. On pourrait comparer l’effort à un sprint qui durerait le temps d’un marathon. Il faut s’armer de patience, de courage et de détermination.