C’est un portrait inédit que nous vous proposons. Le portrait de M. CHETRIT, directeur de Clairfield International, banque d’affaires midcap qui a pour particularité d’être présente dans plus de 20 pays ! Une performance peu commune pour cet entrepreneur ayant démarré dans l’audit. L’occasion de découvrir son parcours riche d’enseignements.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis Thierry CHETRIT, 53 ans, directeur général de Clairfield International et Vice-Chairman de Clairfield International WW. Je suis né à Paris et j’ai grandi à La Courneuve dans le 9-3. Les mathématiques m’ont facilité le parcours scolaire, notamment en m’amenant en math sup sans réfléchir, avant de diriger vers des matières plus concrètes, le commerce et la finance, c’est ainsi que je me suis dirigé vers une école de commerce.
De l’audit à la banque d’affaires
Mon parcours commence en tant qu’auditeur chez PwC en 1987 et ce pendant trois ans. J’ai ensuite rejoint BBDO, agence de publicité du groupe Omnicom coté à Wall Street. J’ai débuté en tant que Directeur Financier Adjoint, puis par la suite je suis devenu Directeur Financier et enfin Directeur Général France. Durant ces huit années chez BBDO, j’ai essayé d’être moteur dans le développement du groupe en France avec une grande liberté et responsabilité que me confiaient les actionnaires américains. C’est ainsi que j’ai mené douze acquisitions en quelques années.
Ayant fait le tour de la « pub » et dans la conjoncture économique des années 90 avec le boom des nouvelles technologies, associé à une certaine fibre entrepreneuriale inassouvie, j’ai décidé de lancer mon propre cabinet de conseil en NTIC : Intuitu Capital. Au démarrage, mon ambition était le financement et l’accompagnement de start-ups du web, mais nous étions également positionnés sur du M&A. 2001, explosion de la bulle internet, les financements disparaissent et l’écosystème start-ups s’arrête. J’ai donc décidé de faire évoluer Intuitu Capital vers une activité de M&A généraliste, et non plus centrée sur les NTIC. Pour franchir ce pas stratégique, j’ai repris la franchise Translink en France 2002.
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Qu’en est-il de la création de Clairfield International ?
Translink était une entreprise très internationale, j’y ai rencontré quatre structures homologues, trois européennes et une américaine avec qui j’ai décidé de fonder Clairfield International.
Notre ambition en créant Clairfield International était de devenir un acteur de référence dans le conseil en fusions-acquisitions sur le mid-market, c’est-à-dire des entreprises entre 10 et 500 millions d’euros de valeur, avec une particularité très forte : la capacité à mettre au point des transactions « crossborder ».
Pour ce faire, nous avons étoffé notre présence à l’international avec 35 bureaux répartis dans 25 pays. C’est à la fois une structure stable avec la puissance d’un groupe international regroupant 400 personnes mais aussi une entreprise entrepreneuriale, agile où l’on retrouve une diversité de profils.
Quelle est votre politique de recrutement ?
Aujourd’hui nous recrutons à tous les niveaux : d’analystes débutants, y compris stagiaires, aux seniors expérimentés.
Nous recherchons essentiellement des stagiaires en fin d’études ayant une vision claire de leur envie professionnelle et très motivés par les métiers de la banque d’affaires. Nos stages de fin d’études peuvent donner lieu à une embauche. Nos stagiaires sont intégrés à nos équipes, 28 personnes en France, pas de stage photocopie ou café, ils travaillent avec des directeurs, des chargé d’affaires, des partners, c’est une réelle opportunité d’avoir une interaction forte avec nos équipes, notre clientèle et l’environnement : fonds d’investissement, banques…
Compte tenu de notre fort développement, plusieurs postes sont également ouverts pour les seniors.
Après la crise de 2009 : tous les feux sont à nouveau au vert ?
Oui, plusieurs facteurs matérialisent le fait que les feux sont repassés au vert.
Le premier facteur est l’excès de liquidités. Cet excès favorise les marchés financiers mais aussi celui du M&A, car les fonds d’investissements et les grands groupes disposent de liquidités importantes et ont la volonté, voire la contrainte, de les investir pour accélérer leur développement ou pour déployer les fonds qui leurs sont confiés par les institutionnels. Pour les levées de fonds, il est nécessaire de distinguer le capital-développement dont le but est de financer le développement d’entreprises matures, opérations que nous pilotons en tant que banquiers d’affaires, et le venture capital qui consiste à financer en amont des start-ups. Nous n’intervenons pas là-dessus mais je le fais à titre personnel comme avec le réseau social business « shapr » dans lequel j’ai investi. Le secteur des levées de fonds (venture capital et capital development)se porte bien profitant aussi de l’excès de liquidités.
Le second facteur se situe du côté des cibles, les entrepreneurs désireux de vendre leur entreprise. Jumelé a une bonne conjoncture économique, les rentabilités sont au rendez-vous et les valorisations aussi en conséquence. En 2012, François Hollande avait déclaré « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance », avec la loi des finances de 2013 cela avait créé un blocage du marché. Cependant le marché commence à se débloquer à partir de 2014 : la France retrouve un taux de croissance de 1%, l’actualité politique est favorable avec l’élection d’Emmanuel Macron et une nouvelle loi sur la fiscalité prévue pour 2018 (taxe forfaitaire de 30% sur les revenus du capital, baisse de l’IS à 25%…). Cette « flat tax » de 30% sur les plus-values devrait contribuer à faciliter la prise de décision de vendre sur le plan fiscal.
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La banque d’affaires s’engage socialement
Comme cela arrive en France, les métiers d’argent n’ont pas toujours bonne presse. Certes nous aidons des entreprises dans leur développement et des entrepreneurs dans leur réussite, mais nous voulons aussi démontrer à quel point le développement économique a un impact social majeur, en particulier dans les quartiers difficiles. C’est pour cela que Clairfield International est impliquée dans un projet sociétal fort. J’accompagne étroitement , et gracieusement, le fonds Impact Partenaires, fonds d’impact social, qui a vocation à financer la création d’entreprises dans les quartiers. Les cités possèdent de nombreux talents, des gens doués mais éloignés de la culture et des réseaux d’entreprises. Ce fonds a été créé pour les aider à entreprendre. Ce fonds gère dorénavant 110 millions d’euros et a déjà créé plus de 500 emplois et de nombreuses grandes entreprises, institutionnels et personnalités des affaires y ont investi en misant sur notre jeunesse !
Quel tip donneriez-vous à nos lecteurs ?
Si cela les intéresse, il faut qu’ils se fassent une idée des métiers de la banque d’affaires le plus tôt possible. Il faut faire des stages pour confirmer son appétence pour ces métiers. Ce sont des métiers passionnants dans lesquels il faut entrer le plus tôt pour s’y faire une place et y progresser vite !
Merci à Thierry Chetrit d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Interview réalisée par Arthur Pointet, étudiant à KEDGE Business School et contributeur du blog AlumnEye
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