Spring Internship, Spring Insight ou encore Spring week, les « Springs » à la popularité croissante restent relativement méconnus des éudiants français. Pourtant, c’est bien souvent la meilleure porte d’entrée pour ceux qui visent un Summer Internship, puis un poste en Graduate Program à Londres. Dans la lignée de notre dernier témoignage, une étudiante à l’EDHEC nous livre ses impressions sur l’apport d’un tel stage. Sélectionnée après son Spring pour passer les entretiens, et après avoir décroché son Summer Internship pour 2018, elle vous donne son feedback. Que vous comptiez postuler en Spring ou en Summer, glanez des tips avec ce focus sur ce qu’on appelle le fast-track et l’Assessment Center.
Quel est ton profil ?
Etudiante en M1, j’ai postulé aux Springs sans aucune expérience en finance sur mon CV mais une formation AlumnEye en poche. Le fait qu’ils cherchent des talents « bruts », je n’y croyais pas vraiment. Pourtant je me suis rendue compte pendant le Spring que ce n’était pas qu’un argument marketing que les banques mettaient en avant ! Pendant les entretiens du Spring, du fast-track, comme des déjeuners networking, on parlait bien évidemment plus de nos associations étudiantes, de nos hobbies, que de nos cours…
Comment s’est déroulé le processus de recrutement ?
J’ai postulé courant septembre pour une dizaine de banques au total. J’ai passé plusieurs entretiens téléphoniques qui avaient de commun de ne jamais avoir été techniques. Le format variait tout de même puisque l’un des process s’est résumé à un seul entretien de fit avec une RH et un opérationnel, clôturé par des brainteasers. A l’inverse, j’ai aussi eu 2 tours d’entretiens avec un opérationnel M&A : le premier purement fit, le second beaucoup plus axé sur l’actualité financière au sens large (lecture d’un scénario sur la stratégie d’une entreprise, questions sur ma prise de notes puis discussion sur l’actualité).
Quels étaient les profils des Spring Interns ?
Nous étions une quarantaine dont 7 français (HEC, ESCP, Dauphine, EDHEC, EM, Audencia). Les autres étudiaient généralement l’économie ou les Computer Sciences dans les meilleures universités anglaises (« OxBridge », LSE, King’s, UCL…). Si on m’avait prévenue, j’ai été surprise de me retrouver avec des anglais à peine sortie du lycée sans véritables connaissances techniques (i.e. ne connaissant pas les méthodes de valorisation ou la compta de base) mais extrêmement avenants. Une anglaise étudiait le japonais à Oxford et peu avaient un background financier, y compris ceux qui faisaient de l’économie à la LSE !
Peux-tu nous en dire plus sur la structure du Spring ?
Chaque journée était organisée autour d’un secteur d’activités : Global Market, Middle Office/Compliance…, et IBD ; la première étant dédiée à une présentation plus globale du Spring et de la banque. Notre temps était alors partagé entre les présentations (de divisions et métiers), les case study ou group exercise (présents dans les Assessment Centers), déjeuners networking ou encore des exercices ludiques en lien avec les différents secteurs (trading game, brainstorming en groupe sur un cas de stratégie). Le rythme était donc soutenu même si nous finissions les journées relativement tôt ; le fait est qu ‘on ne peu pas être à 100% tout le temps mais il faut en donner l’illusion. Pour preuve, il faut parfois se faire légèrement violence pour rester impliqué au maximum pendant une session de speed networking pendant que l’on digère la pizza du midi et que des étudiants en IT vraiment intéressés posent, eux, des questions smart…
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La compétition était-elle palpable parmi les Spring Interns ?
Le Spring n’était pas divisionnel et la majorité des Interns cherchaient véritablement à découvrir les différents métiers. Si nous avions chaque jour des activités de groupe et/ou case studies, l’ambiance était plutôt bon enfant et peu cherchaient à étaler leur savoir. Au moment des Q&A ou des sessions de networking, certains faisaient clairement les intéressants mais je dirais qu’ils se faisaient davantage remarquer parce qu’ils exaspéraient les autres que par leur prestance. Dernier jour oblige, au moment de remplir nos choix de divisions, nous sondions nos voisins sur leurs choix ce qui revenait à « évaluer la concurrence » finalement.
Peux-tu nous en dire plus sur le « fast-track » ?
Les RH ont insisté sur le fait qu’ils collectaient les feedbacks de tous ceux avec lesquels on avait interagi : le trader qui nous avait été assigné pour une session de shadowing, comme l’Associate qu’on avait sollicité pour prendre un café indépendamment de nos activités de la semaine. Sur cette impression globale, ils nous ont évalués et convoqués à des entretiens pour le Summer Internship 2018. Les candidats fast-tracked (soit la majorité d’entre nous) ont reçu leur invitation à l’Assessment Center par mail ; nous avions ainsi un avantage conséquent sur les candidats qui postuleront cet été et devront passer par les phases de screening, phone interview avant leur Assessment Center d’automne. Le format était simple : 3 entretiens de motivation et un case study (M&A pour ma part). Pour chaque créneau, nous étions quatre candidats à rencontrer tour à tour chaque interviewer.
Comment as-tu vécu ton Assessment Center ?
Case study : si les entretiens pour décrocher le Spring n’avaient pas été techniques, la restitution du case study visait clairement à jauger nos connaissances et surtout notre compréhension des logiques financières (plus que l’application de la formule du WACC…). Nous sommes passés rapidement sur les applications numériques et avons beaucoup parlé de la rationnelle du deal (c’était un cas de LBO), des conditions de marché, des différences entre industries etc.
Fit : 2 entretiens relativement basiques afin de cerner ma personnalité et surtout mes motivations. Des interlocuteurs bienveillants avec lesquels on aboutissait sur une véritable discussion. Enfin, un entretien particulièrement surprenant au cours duquel mon interlocuteur a clairement cherché à me pousser dans mes retranchements. Aucune mention de la banque ou du M&A, mais des questions qui se bousculaient et décortiquaient mon parcours.
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Quels sont, selon toi, les éléments clés dans le décrochage de ton offre ?
Contrairement à ce qu’on peut entendre sur les processus anglo-saxons, la technique était importante parce qu’elle visait surtout à éliminer les candidats « par le bas » ; les candidats ne pouvant raisonnablement pas se distinguer par leur maitrise remarquable du DCF… L’entretien de fit le plus challenging a sûrement été décisif dans mon cas. Je ne m’attendais pas à ce qu’on m’interrompe à chaque réponse et de façon aussi incisive. J’ai essayé de garder mon calme pour répondre au mieux (ou répondre tout court dans certains cas). Enfin, lors des entretiens de fit plus classiques j’ai été honnête en expliquant pourquoi j’étais là et surtout en prouvant que j’avais été proactive pendant le Spring (name dropping, enthousiasme…).
Que recommanderais-tu à de futurs candidats ?
Pendant ces process, ce n’est pas votre voisin mais vous qui êtes votre pire ennemi. Même si je ne l’ai vraiment ressenti que durant l’entretien le plus déstabilisant (et la préparation du case study dans une moindre mesure), le process est fait pour que vous soyez sous pression (et le ressentiez). Donc gardez la tête froide même si on vous pousse dans vos retranchements, vous vous remercierez en sortant !
Restez vous même. J’y croyais à moitié quand on nous donnait ce conseil avant de postuler mais c’est vrai. L’un de mes interlocuteurs a clos notre entretien en glissant que ça faisait plaisir de voir que, d’une part, nous avions compris ce qu’ils voulaient véhiculer, et que, d’autre part, nous nous sentions bien dans la banque.
Enfin, c’est un conseil bateau qui fera sûrement rire mais ayez des « étoiles dans les yeux ». Ils recherchent de bons candidats, certes, mais surtout des personnalités avec lesquelles ils auront plaisir à travailler 100h/semaine parce que vous êtes un minimum contents d’être là, et que ça se voit. Pas juste parce que vous appris le nom du CEO et la market cap de la banque dans le métro en arrivant.
Qu’as-tu à dire à ceux qui hésitent à sauter le pas ?
Les candidatures demandent du temps, certes. Mais tout le travail que vous abattrez (en préparant aussi bien la technique que le fit) sera utile et gagné sur vos candidatures suivantes de césure ou de Summer. Si le Spring est la « voie royale » vers les Summers (et donc les Graduate Programs) à Londres, c’est avant tout une super expérience. Bien sûr, c’est une occasion unique de networker et de mettre un pied dans cet univers relativement inconnu. Cependant, si vous êtes curieux, c’est un programme fait pour vous puisque vous pourrez découvrir ce qui motive les opérationnels, ce qui fait le propre de la banque, et surtout vous interroger sur votre « fit » avec la structure. En somme, c’est une semaine intense et riche en découvertes qui vous attend, un Summer à la clé, peut-être !
Merci à elle pour ce témoignage !