Le Directeur administratif et financier (DAF) est un élément majeur en entreprise : il veille à garantir son équilibre financier et à optimiser ses performances. Après un parcours professionnel en contrôle de gestion et avoir occupé les postes de DAF ainsi que de Directeur général Adjoint dans de grandes entreprises, François nous éclaire sur le métier de DAF et le contrôle de gestion.
Pouvez-vous parler de votre parcours professionnel ?
Après avoir passé près de 20 ans au sein du groupe Xerox en France, sur différents postes de management opérationnel et financier, j’ai intégré le Groupe international LexisNexis, spécialiste de l’édition juridique professionnelle en tant que Directeur général Adjoint, en charge de la Finance, de la Gestion de Projet et de la Qualité.
Depuis 12 ans, je suis désormais propriétaire et dirigeant d’une société spécialisée dans la communication par l’objet : SOPADI. La communication par l’objet est l’ensemble des produits qui servent de vecteur promotionnel aux entreprises. Elle permet ainsi de développer leur notoriété en affichant leur logo sur tout type d’objet publicitaire (stylo, porte clé, clé USB, etc.). La diffusion d’articles marqués du logo développe la reconnaissance de l’entreprise auprès du plus grand nombre.
Quelles sont les principales missions au quotidien d’un DAF ?
En premier lieu, toute société appartenant à un groupe international, est soumise à de strictes procédures de contrôle, de reporting, ainsi qu’assujettie à une imposante mission de relations internationales (revues périodiques sur la bonne marche de l’entreprise, les projections d’activité, plans à 3 / 5 ans, etc.). C’est une charge de travail non négligeable et récurrente.
Le rôle d’un DAF, c’est aussi d’avoir à la fois :
- Un suivi ainsi qu’une animation permanente des équipes (compta clients, compta fournisseurs, compta générale, trésorerie, contrôle de gestion, etc.), et de l’activité générée via la mise en place de tableaux de bord permettant le contrôle de l’évolution des principaux critères de gestion (activité commerciale, évolution du chiffre d’affaires, de la marge, suivi des coûts de fonctionnement, solde de trésorerie, etc.)
- Une vision anticipatrice des évènements qui peuvent à terme influencer l’évolution du marché (croissance économique internationale, le marché, les concurrents)
Même si cela ne rentre pas dans son domaine de responsabilité, le DAF se doit d’être à l’écoute du marché, de ses clients : participation à des réunions commerciales, visite clients, etc.
Lire aussi : Qu’est ce que l’Equity Capital Market (ECM) ?
Qu’est-ce qui vous plaisait le plus dans votre travail ? Et le moins ?
C’est une arme à double tranchant, mais à mon sens, c’est la gestion et l’animation des équipes qui restera l’élément clé, la plus grande satisfaction dans l’accomplissement de mon rôle de manager. Rien de plus motivant que la reconnaissance par vos équipes, de vos qualités de leadership à travers tous les signes qui peuvent en attester : cela va de la poignée de main, jusqu’aux résultats des enquêtes annuelles de motivation des collaborateurs. Je rajoute quand même, la satisfaction personnelle lorsque les objectifs financiers sont réalisés, et la reconnaissance qui en découle du groupe ! Nous restons des compétiteurs, à la recherche permanente de la croissance du business et du dépassement des targets.
Le plus frustrant : peut-être les audits des commissaires aux comptes. Parfois pénible de répondre à leurs questions…
Quels sont les meilleurs parcours pour accéder au poste de DAF d’une grande entreprise ?
Il faut en premier lieu, avoir un parcours scolaire orienté finance. Il faut savoir comprendre et interpréter les 3 éléments de la gestion financière, que sont le bilan, le compte de résultats, et la trésorerie ! Ensuite, il me semble naturel, que le DAF ait connu avec succès un parcours au sein d’un ou plusieurs départements du contrôle de gestion.
La voie du conseil en entreprise est aussi à prendre en considération. En effet, la formation sur le terrain reçue dans des sociétés de conseil (type Deloitte, KPMG, Accenture, E&Y, etc.) permet d’acquérir des compétences multiples à travers les différentes missions effectuées, enrichie par l’hétérogénéité des secteurs d’activité approchés, des entreprises concernées, et des types de missions réalisées.
Quelles sont les principales qualités que doit avoir un DAF selon vous ?
Le premier rôle du DAF, c’est d’affirmer de solides qualités managériales. Gestion et animation des équipes sont un élément clé de la réussite des missions qui lui sont confiées et de la bonne réalisation du rôle qui est le sien. Il faut bien évidemment aimer les chiffres, les comprendre, les interpréter. Il faut savoir à la fois analyser les résultats du mois, les tendances lourdes, mais aussi savoir se projeter dans l’avenir, et en tirer une vision stratégique du développement de l’entreprise.
Il se doit aussi d’être un bon communicant :
- En interne auprès des équipes dirigeantes, directions opérationnelles ou support. Etre le relai du Groupe, du comité de Direction pour expliquer et cascader la politique menée
- En externe, pour informer les partenaires (banques, clients, fournisseurs, etc.) de la stratégie suivie, de son évolution et des résultats obtenus
Pouvez-vous nous parler de la relation d’un DAF avec les établissements financiers ainsi que, potentiellement, les marchés de capitaux ?
L’un des éléments clés de la santé financière d’une société, c’est sa trésorerie. C’est la gestion des différents composants du besoin en fonds de roulement (globalement, le solde des règlements clients, paiement fournisseurs et investissement sur niveau de stock) qui va générer un besoin de trésorerie ou un excès de cash.
La qualité de la relation avec ses interlocuteurs bancaires est essentielle. Si nécessaire, il faut très vite trouver le bon outil financier pour apporter à l’entreprise l’argent dont elle peut avoir besoin. Inversement, c’est le conseil avisé du partenaire bancaire qui permettra un placement optimal en cas d’excès de cash. Cette relation s’inscrit dans le « day to day business » ; de bonnes relations induisent de bonnes décisions à très courte échéance. Vous l’avez compris, la qualité, la régularité comme l’intensité des contacts avec son banquier sont des éléments essentiels qui permettent d’éviter les problèmes de trésorerie et de lisser les mouvements de cash, en jouant un rôle d’amortisseur entre excès et besoin.
L’appel aux marchés de capitaux se fait en général lorsque l’entreprise dégage de manière structurelle des excédents de cash (ou bien à l’inverse, des besoins de financement à long terme pour générer des investissements lourds). C’est la solution sur une longue période, pour placer ses avoirs. A contrario, c’est aussi la solution pour trouver des financements pour des projets importants. Je n’ai pas été amené à solliciter d’agents sur le marché des capitaux.
Lire aussi : Qu’est ce que le Debt Capital Market (DCM) ?
Beaucoup d’étudiants s’intéressent au contrôle de gestion, sans forcément comprendre de quoi il s’agit. Pouvez-vous nous parler de ce métier, notamment à un niveau très junior ?
En préambule, une entreprise est faite d’hommes et de femmes qui ont chacun une fonction au sein d’une organisation définie ; elle est supportée par un ou des systèmes d’informations qui vont fournir les données dont chacun a besoin à son niveau. Pour illustrer cela, le contrôleur de gestion travaille pour la direction financière, et va devoir exploiter les données issues du système. Son rôle sera d’analyser les chiffres mis à disposition par le système informatique, d’en faire une interprétation fiable et pertinente et d’émettre au besoin des recommandations afin d’améliorer le fonctionnement de l’entreprise. Il est l’un des éléments clés de l’entreprise, toujours à la recherche d’informations sur la performance de l’entreprise, et dédié à l’analyse des résultats issus des systèmes d’information.
Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui veulent faire carrière dans le contrôle de gestion ?
Aux étudiants qui souhaitent faire carrière dans le contrôle de gestion, je leur conseille tout d’abord d’être curieux. Ensuite, vous devez vous intéresser aux acteurs (force de vente, service clients, production, etc.) qui ont contribué aux documents d’analyse que vous devez exploiter. Il faut toujours analyser les éléments en sa possession, et savoir interpréter les documents financiers pour que les commentaires que vous ferez, parlent à toutes et à tous. Pour finir, n’oubliez pas l’importance des outils de gestion (systèmes d’information), leur puissance d’analyse, leur modularité dans l’exploitation des données…
Emma Pradissitto, étudiante à l’EDHEC Business School et contributrice du blog AlumnEye
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